Passeports Photographiques

  • Exposition
    "Passeports Photographiques"
    du jeudi 13 juin 2019 au samedi 27 juillet 2019
    Galerie XII Paris

    Laisser le monde naître à nouveau,
    trop de regards l'assaillent.
    Pierre-Albert Jourdan

    "Paysages - sur de fins brouillards sans limites une clarté vacille dans l’interrogation. Un temps suspendu verse ses gouttes de lumières. Les regrets aériens de bleus et de mauves voilent l’ouvert de l’espace. Le gris du Greco, bruissant, n’est jamais loin. Les bornes sont évanouies. Laisser couler le ciel, la mer en soi.
    Dos - malgré les scarifications des fonds, l’offrande est d’autant plus nue. Un corps fait l’espace. Et la rose, en sa dolence, est équilibre. Et toujours, lumières et couleurs tendues à nos yeux comme un bol de lait chaud. Un parfum de lumière. La pensée mène alors une vie et l’œil, une autre.

    Dès les premiers contacts avec le travail de Baghir, une conviction aussi puissante que douce nous atteint. Un choc qui ne résulte d’aucun procédé bruyant. Quelque chose d’intime à nos sens : de l’eau à nos racines pour les gorger de toutes les enfances du regard.

    Pour qui connait déjà ses précédentes œuvres, il sera aisé de discerner les liens qui assurent la continuité entre l’œuvre poétique des Perturbations numériques et l’œuvre picturale des Passeports Photographiques. La rétine de Baghir compose en appogiatures persistantes, élégantes, ténues. Nous voyons comme à travers les replis d’une paupière qui serait devenue libre toile. L’air y est teint d’azurs, d’humidité. Rien ne tache la lumière. L’air se fait un bain de couleurs. Tendresses chromatiques. Silence attendant d’être rompu. Patience du photographe envers l’instant, sans nul repentir de peintre. Juste des cicatrices encielées.

    Passeports enfin, pour que jamais la nuit d’une paupière ne s’abaisse autrement qu’en épiphanies. Faire place nette, sans délai, pour le seul amour de ce frémissement de source et de hasards qui nous fuit. En des matins charnels, les modèles du photographe sont les officiantes, à leur insu, de cette grâce. Baghir n’a jamais fini de solliciter l’expérience visuelle. La sienne, virtuose, préfigure ce que nous persistons à attendre, ce que nous voudrions apprendre à recevoir. En ce monde devenu difficilement habitable, l’œuvre photographique de Baghir patiente à la fenêtre comme Le géographe de Vermeer : "Laisser le monde naitre à nouveau, trop de regards l’assaillent."

    Martine Jobbé Duval

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